L'analyse des spectres de masse

Les fragments

Nous nous servons des →   tables des masses molaires des différents fragments possibles.

L'ion moléculaire

Nous savons que c’est le cation formé par la molécule initiale de la substance à analyser à laquelle a été arrachée un électron. Sa masse moléculaire est pratiquement égale à celle de la substance, aucun fragment ne peut avoir une masse supérieure, ce qui permet de détecter aisément son pic M sur le spectre MS. Cependant - les ions moléculaires sont souvent très instables et se décomposent avant d’avoir pu atteindre le détecteur. Ceci est souvent le cas pour les alcools et les amines. - par fixation d’un atome H sur un site électronégatif de l’ion moléculaire, on observe fréquemment un pic à M+1 - l’isotope 13C a une abondance naturelle de 1,11% sur terre, ce qui fait qu’on observe souvent des pics à M+1 , M+2,... de plus en plus faibles.

Exemples:

Spectre MS de l’acide propanoïque: $C_2H_5COOH$, pic moléculaire à $M=74$

 

Spectre MS du butan-2-ol: $CH_3CHOHCH_2CH_3$, pic moléculaire à $M= 66$ à peine visible

 

Modes de fragmentation

Les différents groupes de substances en chimie organique possèdent des modes de fragmentation assez caractéristiques:

Alcanes linéaires

Les ruptures sont régulières, sauf pour $n=1$. L’hexadécane, par exemple $CH_3(CH_2)_{14}CH_3$ produit les fragments

Les fragments à 3 atomes C et 4 atomes C sont les plus fréquents, la fréquence diminue régulièrement avec la masse molaire. Souvent ces fragments perdent encore des atomes H ce qui explique par exemple des pics à $M= 69, 70, 71$

 

Spectre MS de l’hexadécane: $C_{16}H_{34}$

 

Alcanes ramifiés

Les ruptures se produisent d’abord sur l’atome C secondaire ou tertiaire, puis les chaînes linéaires se brisent comme en haut. Le 5-méthylpentadécane se brise d’abord à l’un des endroits indiqués:

D’où le spectre ( les morceaux plus grands que 169 manquent):

Spectre MS du 5-méthylpentadécane: $C_{16}H_{34}$

 

Alcools

Les alcools produisent le pic caractéristique du fragment $CH_2OH^+$( 31 ), fort pour les alcools primaires, plutôt faible pour les alcools secondaires et tertiaires. La fragmentation commence au carbone fonctionnel du côté de la chaîne la plus longue:

Le pic principal du spectre du butan-2-ol ( pic moléculaire à $M= 66$ , voir avant ) s’interprète par la fragmentation initiale entre deuxième et troisième atome C. On observe encore un pic à M-18 du à la perte d’une molécule d’eau:

Spectre MS du butan-2-ol: $CH_3CHOHCH_2CH_3$

 

Cétones et aldéhydes

La fragmentation près du carbone fonctionnel donne des cations carbonylés caractéristiques $RC^+=O$ et $R$’$C^+=O$ de masses molaires $M-R$’ ou: $M-R$:

Spectre MS de la pentan-2-one: $CH_3COCH_2CH_2CH_3$

Dans le cas des aldéhydes ( $R = H$ ), on observe un pic à $M-1$, à $29\; ( HCO^+)$, et le départ d’eau provoque un pic à $M-18$

Spectre MS du nonanal: $CH_3(CH_2)_7CHO$

 

Acides carboxyliques et esters

Comme dans le cas précédent, la fragmentation de $RCOOR$’ près du carbone fonctionnel donne des cations carbonylés caractéristiques $RC^+=O$ et $R$’$OC^+=O$ de masses molaires $M-OR$’ ou: $M-R$

Spectre MS du propanoate d'éthyle: $CH_3CH_2COOCH_2CH_3$

Dans le cas des acides ( $R$’$ = OH$ ) , on observe un pic à $M-17$ et à $45\;( HCO_2^+)$

Spectre MS de l'acide propanoïque: $CH_3CH_2COOH$

 

Alcènes, amines et éthers

La fragmentation favorisée en position β (2e liaison simple) à partir de la double liaison ou de l'hétéroatome $N$ ou $O$ mène à un carbocation stabilisé par mésomérie.

 

Exemple:

Spectre MS de la N-éthyl-N-méthyléthanamine

Dans l'exemple, le pic de base correspond au fragment qui reste après la perte d'un radical méthyle

 

Benzène et dérivés

Dans le cas d'un substituant non alkylique, la fragmentation se fait en α par rapport au cycle:

Dans le cas d'un substituant alkyle, la fragmentation se fait en β par rapport au cycle, parce que l'ion tropilium $C_7H_7^+$ , obtenu après réarrangement, est particulièrement stable: